D’après NewsGuard, le manque d’étiquetage, de modération et la mise en avant d'un contenu qui maintient les utilisateurs sur l’application, facilite la désinformation.
Alors qu’Instagram Facebook et Twitter ont vu leurs activités fortement limitées en Russie, voir supprimées pour Instagram, TikTok lui joue un jeu d'équilibriste. Depuis le 6 mars, le réseau social, qui compte 24,7 millions de comptes dans le pays, a suspendu la possibilité de poster de nouvelles vidéos sur sa plateforme en Russie. Cette décision fait suite à une loi qui vise à punir toute diffusion d’information discréditant l’intervention militaire russe en Ukraine. « À la lumière de la nouvelle loi russe sur les "fake news", nous n'avons pas d'autre choix que de suspendre la diffusion en direct et le nouveau contenu de notre service vidéo pendant que nous examinons les implications de cette loi en matière de sécurité. Notre service de messagerie intégré à l'application ne sera pas affecté. », a alors justifié le réseau social sur Twitter.
Terrain fertile à la désinformation
Mais hors de Russie, la désinformation bat son plein sur la très populaire application. En fin de semaine dernière, le #Ukraine comptait plus de 30 milliards de vues cumulées. Et selon un rapport de NewsGuard, plateforme qui lutte contre la propagation de fausses informations sur le net, cette popularité participe au partage de nombreuses fake news.
En mars 2022, six analystes de NewGard se sont inscrits sur TikTok et se sont intéressés aux vidéos postés sur l'onglet « pour toi ». « Tous les analystes se sont vu proposer des contenus faux ou trompeurs sur la guerre en Ukraine. », note le rapport. Citons : l’affirmation selon laquelle les images de la guerre en Ukraine sont fausses ; l’Ukraine est dirigée par une junte néo-nazie ; Les États-Unis ont des laboratoires d'armes biologiques en Ukraine ; Vladimir Poutine et la Russie ne sont pas les agresseurs ; les États-Unis ont orchestré la révolution de 2014 en Ukraine. Certains contenus ont été vus jusqu’à 1,7 millions de fois.
NewsGuard explique que des termes génériques comme « Ukraine » ou « Donbass », a conduit TikTok à suggérer plusieurs vidéos contenant de la désinformation dans les 20 premiers résultats. « Le manque d'étiquetage et de modération efficaces du contenu de TikTok, associé à sa capacité à pousser les utilisateurs vers un contenu qui les maintient sur l'application, ont fait de la plate-forme un terrain fertile pour la propagation de la désinformation. », s’inquiète NewsGuard.
Aucune mise en garde
Cité par le Guardian, le principal interessé a justifié comme suit : « nous continuons à répondre à la guerre en Ukraine avec des ressources de sûreté et de sécurité accrue alors que nous nous efforçons de supprimer les informations erronées nuisibles et de contribuer à protéger une expérience sûre sur TikTok ». L'application assure qu’elle travaille avec des organismes indépendants de vérififactions des faits.
Pourtant, NewsGuard explique qu’aucune des vidéos proposées par l'algorithme de TikTok à ses analystes n’était accompagnée « d'informations sur la fiabilité de la source, d'avertissements, de vérifications des faits ou d'informations supplémentaires susceptibles d'autonomiser les utilisateurs ».