Plus les chercheurs consultaient des contenus climato sceptiques et plus Facebook leur proposait des contenus marginaux.
L’ONG Global Witness a publié un rapport qui démontre que l’algorithme de Facebook, amplifierait les phénomènes de désinformation.
Des contenus de plus en plus marginaux
La méthode des chercheurs est relativement simple. Ils ont créé deux profils utilisateurs : Jane et John et ont ensuite étudié ce que l’algorithme leur suggérait, en fonction de leur navigation. Jane s’est mise à consulter des pages climato sceptiques, et très rapidement, elle s’est vu proposer du contenu niant le changement climatique.
« Nous avons simulé l'expérience utilisateur d'un individu aimant des pages telles que "Net Zero Watch", une organisation luttant contre les politiques climatiques et liée au député conservateur britannique Steve Baker. Nous avons constaté qu'immédiatement après avoir aimé cette page, l'utilisateur s'est vu recommander "Climate Depot", » un autre groupe climato sceptique et ainsi de suite... Les messages publiés sur certains de ces groupes évoquent par exemple un « mouvement vert », qui travaille à « asservir l’humanité ». Au total, 18 pages ont été recommandées au cours de la simulation. Une seule ne contenait aucune désinformation.
Contrairement à Jane, John a commencé sa navigation en aimant la page du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) un organisme scientifique des Nations Unies. Le contenu qui lui était proposé ensuite était toujours fiable.
Du côté de Jane, plus la simulation se poursuivait, et plus Facebook recommandait des contenus marginaux comme la théorie du complot sur les chemtrails, ces trainées blanches laissés par les avions qui seraient des rejets de produits chimiques visant à contrôler la météo.
Un débunkage dans les choux
La nouvelle fait tache, alors même que le géant des réseaux sociaux tente de redorer son image et travaille à réduire la désinformation sur sa plateforme. Un représentant de Meta a déclaré à BBC News « nous utilisons une combinaison d'intelligence artificielle, d'examen humain et de contributions de partenaires - y compris des vérificateurs de faits - pour traiter le contenu problématique. »
Mais le rapport nous apprend que les deux tiers des pages recommandées à « Jane » ne contenaient aucun avertissement ou redirection vers le centre des sciences et du climat de Facebook. Ledit centre a pourtant été créé en septembre 2021 afin de proposer des sources fiables, et contrecarrer la désinformation sur le réseau social.
L’ONG demande que l'Union européenne veille « à ce qu'une fois mise en œuvre, la loi sur les services numériques exige des audits de plateforme et des évaluations des risques qui soient complets et incluent systématiquement la désinformation climatique ». Elle invite les Etats-Unis à faire de même.