La Cour suprême du Brésil avait décidé vendredi de bloquer l’application de messagerie Telegram en raison de l’absence presque totale de modération de contenu.
24h, c’est ce qui avait été donné à l’application de messagerie Telegram par un juge de la Cour suprême brésilienne vendredi pour se mettre en conformité sous peine d’être bloquée. Deux jours plus tard, estimant que les demandes de la Cour ont été satisfaites, «je révoque la décision de suspendre complètement et intégralement le fonctionnement de Telegram au Brésil », a écrit le juge Alexandre de Moraes dans un arrêt rendu public.
Combattre la désinformation
Ce même juge a estimé vendredi dernier que l’application russe n’en faisait pas suffisamment pour limiter la propagation de la désinformation. En effet, Telegram ne disposait d’aucun moyen de modération et laissait potentiellement se propager de fausses informations, au risque que celles-ci ne deviennent virales. Un délai de 24 heure a été donné suite à l’intervention du fondateur de l’application, Pavel Durov après qu'il a présenté ses excuses et a invoqué un « problème de communication ».
Rapidement ce week-end, Telegram a adopté diverses mesures comme la surveillance manuelle d’une centaine de chaînes populaires, la possibilité de signaler des publications jugées inexactes, la restriction de certains profils et la promotion d’informations vérifiées.
A titre d’exemple, Alexandre de Moraes a demandé expressément la suppression d’une publication du président d’extrême droite Jair Bolsonaro vieille de plusieurs mois et qui remettait en cause le système de vote électronique brésilien, sans apporter de preuve. La publication a été supprimée samedi.
Bolsonaro monte au créneau
Le blocage de l’application a été qualifié d’« irrecevable » par Jair Bolsonaro. Accusant Alexandre de Moraes de ne pas avoir « agi contre les deux ou trois personnes qui selon lui devraient être bloquées, alors il décide d’affecter 70 millions de personnes (…). Ce qui est en jeu, c’est notre liberté », a déclaré Bolsonaro.
En septembre dernier, Jair Bolsonaro avait pris un décret limitant les pouvoirs des réseaux sociaux en matière de modération de contenu afin de combattre « la suppression arbitraire et injustifiée de comptes, profils et contenus par les fournisseurs » avait justifié le secrétariat à la Communication du gouvernement. Le gouvernement brésilien a déposé samedi un recours devant un autre juge de la Cour suprême, estimant que le blocage de la messagerie était « disproportionné ».