Le rapport rendu par Philippe Herbert sur la 5G industrielle confirme les pires craintes de l’exécutif : la France prend du retard sur la 5G et notamment sur ses applications industrielles. Un coup d’accélérateur s’impose, mais suffira-t-il ?
Vous rappelez-vous les grands cris de l’exécutif en 2019 qui, au souvenir des déploiements de la 4G et de ses lenteurs, s’exclamait « plus jamais ça » à propos de la 5G ? Mais avec un retard pris dès l’attribution des bandes de fréquences, du fait de frictions entre Bercy et l’Arcep, les déploiements de la 5G ont été retardés d’autant. Et c’est sans compter les thèses fantaisistes voire complotistes sur sa dangerosité, qui ont là encore ralenti le processus.
Bilan, le rapport commandé par Bercy à Philippe Herbert en octobre 2021 « constate que le déploiement d'usages de la 5G en France et notamment dans l'industrie française reste moins important que dans d'autres pays ». Voici donc que les pires frayeurs sont confirmées. Est principalement affectée de ces lenteurs la 5G industrielle, entendre par là les cas d’utilisation dans le secteur secondaire. Le rapport identifie plusieurs freins, parmi lesquels l'accès aux fréquences, l'insuffisante disponibilité d'équipements et de services adaptés ou encore le manque de visibilité et de maturité des écosystèmes 5G industrielle français et européens.
Accélération
Agnès Pannier-Runacher et Cédric O, qui ont reçu hier ce rapport, ont immédiatement annoncé deux grandes mesures pour accélérer le développement de la 5G industrielle dans l’Hexagone. D’abord en facilitant l’accès aux fréquences, par la modification du décret relatif aux redevances pour l'utilisation des fréquences dans la bande 2,6 GHz et, à terme, dans la bande 3,8GHz-4GHz. En outre, un appel à manifestation d'intérêt « Campus Fablab 5G industrielle » sera prochainement lancé.
Et tant qu’il est question d’appel à projet, 7 nouveaux projets relevant de « la stratégie d'accélération sur la 5G » et soutenus par le plan de relance ont été dévoilé. Parmi eux, on trouve notamment le projet GEO 5G porté par Firecell avec Stellantis, Axians, Euroutils, Miodex, TMF, AW2S et Sequans. Dédié à la géolocalisation indoor, ce projet veut mettre à profit la 5G dans des environnements industriels tels que les chaînes de production automatisées dans l’aéronautique et l’automobile.
« La 5G est un facteur clé de notre compétitivité, qui vient appuyer l'automatisation des processus industriels. Les résultats de la mission 5G industrielle sont, à ce titre, très éclairants. La mise en œuvre de ces recommandations permettra à l'industrie française de continuer la dynamique de réindustrialisation et de numérisation que nous impulsons depuis cinq ans » souligne Agnès Pannier-Runacher.