D'après une enquête du Wall Street Journal, Meta (anciennement Facebook) aurait délibérément bloqué des pages gouvernementales à l'aide d'un algorithme de tri afin de faire pression sur les autorités australiennes et empêcher le vote d’une loi.
D’après une enquête du Wall Street Journal publiée jeudi 5 mai, plusieurs lanceurs d'alerte accusent Facebook d'avoir bloqué les pages d’hôpitaux et de services de secours en Australie, afin de faire pression sur le gouvernement et éviter le vote d’une loi.
De blocage involontaire
Ladite loi, votée en février 2021, exigeait de Facebook et Google qu'ils rémunèrent les éditeurs de presse pour les contenus journalistiques apparaissant sur leurs pages. Alors que 52 % des Australiens utilisaient les réseaux sociaux pour s’informer d'après le Reuters Digital News Report 2020, les deux géants captaient plus de 80 % des recettes publicitaires.
Mais le texte n’était pas du gout de Meta qui en réponse, avait bloqué temporairement l’accès aux contenus d’actualité de médias australiens et internationaux.
Toujours selon le Wall Street Journal, ce blocage a également impacté différents sites gouvernementaux qui fournissaient des informations sur l’épidémie de Covid 19, alors que démarrait la campagne de vaccination. C'est aussi le site du département de lutte contre les incendies d'Australie-Occidentale qui a été bloqué... en pleine saison des incendies. A l'époque, ces blocages avaient été qualifiés d’involontaires par Facebook.
A blocages délibérés ?
Mais d’après les lanceurs d’alertes interrogés par le Wall Street Journal, il s’agissait d’actes délibérés visant à faire plier le parlement australien. Facebook aurait utilisé un algorithme de tri censé viser uniquement les organes de presse. Mais l’entreprise n’était pas sans savoir que d’autres sites seraient affectés.
La loi, bien que votée, a été amendée en faveur de Facebook qui a finalement levé les blocages après avoir été autorisé à négocier au cas par cas avec les éditeurs. Cité par Le Monde, le Wall Street Journal révèle qu’à la suite du vote, la directrice des partenariats de Facebook Campbell Brown, a envoyé un e-mail aux équipes de Facebook dans lequel elle écrivait : « nous sommes parvenus exactement à l’endroit que nous souhaitions. »
Un porte-parole de Meta a de son côté déclaré à l’AFP que « les documents en question (ceux révélés par les lanceurs d'alerte ndlr) montrent clairement que nous avons cherché à exempter les pages du gouvernement australien de ces restrictions ». Ajoutant que « toute suggestion contraire est catégoriquement et évidemment fausse. » Les lanceurs d’alerte ont quant à eux transmis les documents et les témoignages aux autorités compétentes aux Etats-Unis et en Australie.