Le Japon frappe les géants de la tech sud-coréens

En plein litige avec Séoul quant au travail forcé en Corée sous occupation japonaise, Tokyo choisit la méthode forte, ou méthode Trump : attaquer le secteur de la tech sud-coréen en ralentissant l’exportation de certains matériaux nécessaires aux écrans et semi-conducteurs, matériaux dont le Japon est le premier producteur mondial.

Quels sont les points communs entre le resist, les polyimides fluorés et le fluorure d’hydrogène ? Tous trois sont utilisés dans la production de composants électroniques et ont pour principal producteur le Japon, qui compte pour 90% de la production mondiale de polyimides et de resist et pour 70% de celle du fluorure d’hydrogène. 

Une position qui permet à Tokyo de faire pression sur son voisin sud-coréen. En effet, le gouvernement nippon a annoncé des mesures restrictives sur les exportations de ces matériaux en direction de la Corée du Sud. Les entreprises productrices et exportatrices devront désormais demander pour chaque livraison une autorisation des autorités japonaises, une permission qui prendra 90 jours à être accordée.

Une crise dont l'origine est très ancienne

Ce qui ne fait pas les affaires de l’industrie de la tech sud-coréenne, dont quelques-uns des fleurons tels que Samsung, SK Hynix ou encore LG sur la partie Displays dépendent fortement de ces matériaux. En outre, Tokyo menace de retirer la Corée du Sud de sa liste blanche des pays vers lesquels le contrôle à l’exportation est réduit. Ce qui implique là encore que les entreprises japonaises doivent demander une licence pour pouvoir exporter certains produits en Corée du Sud.

Cette décision du gouvernement Abe n’a aucun rapport avec les technologies : il s’agit d’une mesure de représailles par suite d’une décision de la Cour suprême sud-coréenne condamnant Nippon Steel à indemniser les victimes du travail forcé imposé par les Japonais au profit de leurs entreprises en Corée lors de son occupation par les forces impériales entre 1910 et 1945. Un sujet sensible au Japon où le premier ministre Abe Shinzo est fréquemment accusé de révisionnisme. Séoul a annoncé qu’il déposerait une plainte auprès de l’OMC.