Le smartphone Mate 60 Pro de Huawei est alimenté par une puce 7 nanomètres fabriquée par SMIC. Signe que, malgré les sanctions américaines, Pékin parvient tant bien que mal à avancer.
C’est une première et un pied de nez à l’Oncle Sam. Selon une enquête de Bloomberg, le groupe chinois Huawei a réussi à développer une puce 5G de 7 nanomètres. La nouvelle peut prêter à sourire, puisque la majorité des smartphones sortis d’usines sont aujourd'hui équipés de telles puces. A titre de comparaison, le prochain iPhone 15 contiendra une puce de 3 nanomètres. Cependant, accusé d’espionnage, Huawei doit conjuguer depuis plusieurs années avec un embargo des Etats-Unis qui lui empêche de faire l’acquisition de certains équipements, dont des puces de moins de 14 nanomètres.
Malgré cela, Huawei a mis en vente en toute discrétion le smartphone Mate 60 Pro sur son site internet. Dans son enquête, Bloomberg a demandé au média TechInsights de démonter le téléphone en question afin de déterminer s’il était effectivement équipé d’une puce 5G. Verdict ? Il s’agirait d’une puce 5G Kirin 9000s de 7 nanomètres développée par Semiconductor Manufacturing International Corp. (SMIC), le leader du marché en Chine, pourtant lui aussi visé par des sanctions américaines.
La Chine rattrape (un peu) son retard
« Les avancées technologiques de SMIC sont sur une trajectoire ascendante et leur ont visiblement permis de régler leurs problèmes de rendement sur les puces de 7 nanomètres. », a déclaré Dan Hutcheson, de TechInsights, à Bloomberg. Reste à savoir quelles sont les capacités réelles de SMIC en matière de production de puces.
Cette nouvelle soulève également la question de l’efficacité des sanctions américaines et peut être interprétée comme le signe que, Pékin commencerait à rattraper doucement son retard technologique. Et la Chine se donne les moyens de ses ambitions. En milieu de semaine, Reuters a révélé que le pays s’apprêtait à investir 300 milliards de yuans (38 Milliards d’euros) dans sa filière de semi-conducteurs, par l’intermédiaire du China Integrated Circuit Industry Investment Fund. Fin août, c’est aussi l’association de fabricants de semi-conducteurs Semiconductor Industry Association (SIA), qui a accusé Huawei (encore lui) d'opérer un réseau d’usines fantômes de semi-conducteurs sous des noms de sociétés fictives dans le but d’éviter les sanctions américaines.