Shadow de retour aux affaires

Quatre mois après son rachat par Octave Klaba, l’acteur français du cloud gaming revient dans le match, avec l’ouverture de 5000 nouvelles places en ventes directes en France. Shadow, qui a précédemment refondu son offre, travaille désormais sur plusieurs chantiers, en tête desquels renouer avec sa communauté.

 

En mai dernier, après plusieurs années d’atermoiements et un redressement judiciaire, Blade était repris par Octave Klaba.  Le fondateur d’OVH s’était vite mis à l’œuvre, expliquant à BFM dans les semaines qui suivirent son projet à long terme, soit être en mesure d’ici cinq à dix ans de « développer un catalogue de services similaire à Office 365 et G Suite », grâce aux technologies de Shadow. A plus courte échéance, le service de cloud gaming refondait son catalogue autour d’une seule et unique offre à 29,99 euros par mois.

Renouer avec la communauté

Un prix doublé par rapport aux tarifs antérieurs, ce qui n’avait pas manquer de faire grincer quelques dents. D’autant que rien n’était prévu quant aux améliorations matérielles et à de nouvelles fonctionnalités, certaines promises par Blade depuis plusieurs années. Pire encore, aux abonnés à l’année, l’entreprise laissait le choix : résilier ou accepter les nouveaux tarifs. On peut dire sans risque de se tromper que Shadow est parti d’un mauvais pied avec sa communauté, envoyant un message négatif avec sa nouvelle politique tarifaire. Un « loupé », concède Eric Sèle, le nouveau CEO de Shadow, avant de préciser que le problème a été résolu et que les utilisateurs ayant souscrit un abonnement annuel continueront d’en profiter, au prix sur lequel ils se sont engagés, jusqu’à la fin de leur abonnement. Après quoi ils se verront proposer de passer à l’offre unique Shadow.

Car la direction remaniée de Shadow, qui devrait compter dans ses rangs très prochainement de nouveaux directeurs financier et produits, a à cœur de renouer avec sa communauté. Et de « remettre l’entreprise sur les rails ». Le B2C demeurant « le cœur de l’activité de Shadow », une nouvelle business unit a été créée et est chapeautée par un historique de l’entreprise, Yannis Weinbach, directeur marketing de Shadow jusqu’en 2018 puis responsable de la stratégie produit. Des améliorations ont déjà été apportées, avec notamment (et enfin) le support du double écran. Selon Eric Sèle, « les efforts de R&D se poursuivent sur Shadow, avec un changement de culture : nous devons tenir nos promesses, afin de recréer un climat de confiance avec notre communauté ».

5000 nouvelles places en France

Outre la refonte de l’offre dans un souci de simplification, « la deuxième chose extrêmement importante par rapport à notre communauté était la file d’attente » signale Eric Sèle. Car depuis des mois, les comptes de nouveaux clients n’étaient pas activés et la file d’attente enflait, atteignant près de 20 000 utilisateurs. « Dans les huit dernières semaines, nous avons activé 10 000 utilisateurs de notre liste d’attente qui ont accepté les nouvelles conditions tarifaires. Restent encore quelques milliers à l’étranger, mais l’intégralité de la file d’attente en France a été activée » indique le CEO de Shadow.

« Il était important de réduire cette file d’attente, sans quoi il n’était pas possible de rouvrir des places en France » ajoute-t-il. C’est chose faite, puisque Shadow annonce aujourd’hui l’ouverture de 5000 places disponibles en ventes directes. « Ces ventes directes sont une première depuis 2019 et impliquent qu’il n’y aura pas d’attente, le service sera délivré en 72 heures maximum » souligne Eric Sèle, quand l’ouverture de nouveaux comptes pouvaient mettre plusieurs semaines voire mois auparavant.

Réduire les coûts d’infra

Et si le nombre de places est limité à 5000, c’est en raison du changement de modèle industriel de Shadow. Si à l’époque de Blade, l’entreprise gérait toute la brique infra, de la sélection des datacentres à l’achat des équipements actifs, soit un processus lourd en termes de coûts et particulièrement lents, toute cette brique échoie désormais au partenaire de Shadow, OVH. D’ailleurs, les équipements de Shadow ont été rachetés par OVH et sont en cours de migration vers les datacentres du nordiste. « On devient un gros client d’OVH, bien que nous continuions de définir la plateforme et ses évolutions » note Yannis Weinbach.

« On change le CAPEX en OPEX » déclare Eric Sèle, rappelant l’annonce d’Octave Klaba au moment de la reprise de Shadow. « Nous louons des services à OVH, et n’achetons plus des ordinateurs dans le cloud pour des millions d’euros avant même d’avoir des revenus. En outre, le contrat est homogène, qu’on provisionne à Gravelines ou à Strasbourg, la facturation est faite au moment où les services sont disponibles. Cela nous permet de réduire nos coûts d’infrastructure et d’être plus rapide ».

B2B

Enfin, comme le promettait Octave Klaba fin mai, Shadow va travailler sur son côté B2B. « Des offres telles que Shadow en termes de traitement de jeux et d’images n’existent pas sur le marché » remarque Eric Sèle. « Dans le domaine du B2B, pendant les confinements, des architectes, des développeurs de jeux sont venus nous voir. A partir de là, nous avons commencé à avoir des discussions sur le sujet » poursuit-il, quoique Shadow ne souhaite pas y aller trop vite en besogne. Car le B2B est autrement plus exigeant, notamment sur des questions de sécurité, d’authentification, d’administration.

Eric Sele2

« Cette expérience utilisateur vraiment renforcée nous impose de repenser notre système d’information global pour à termes pouvoir continuer et valoriser la croissance de l’offre B2C mais également aller dans le B2B et ajouter des verticales » détaille le CEO. Ainsi, si l’offre de stockage Ubik est en sommeil, c’est dans l’attente de cette bascule vers un nouveau système d’information. Eric Sèle conclut : « à terme, on voudrait profiter de la position souveraine d’OVH pour ajouter une couche souveraine au niveau du SaaS ».