Tandis que les régulateurs américain et européen travaillent à faire adopter des législations antitrust, Microsoft, Google et Amazon ont battu des records d’acquisitions en 2021.
Des chiffres qui donnent le tournis. Selon des données de la plateforme de marchés financiers Dealogic, l’année dernière Microsoft, Amazon et Alphabet, la maison mère de Google, ont réalisé un nombre record d’acquisitions. Google a racheté 22 entreprises, Microsoft 56, et Amazon 29. En volume, ces transactions représentent respectivement 22 milliards d'euros (Md$), 25,7 Mds$ et 15,7 Mds$. C'est finalement bien peu de choses à côté de la dernière acquisition de Microsoft. La firm de Mountain View a démarré 2022 en fanfare après avoir racheté mi-janvier le groupe Activision Blizzard King pour la bagatelle de 68,7 Mds$. Un record pour l’entreprise, propulsée au troisième rang de plus grosse société de jeux-vidéo en chiffre d’affaires, derrière Sony et Tencent.
Une course contre la montre ?
Autant de transactions qui devraient échauder encore un peu plus les régulateurs, avec en tête de gondole la Federal Trade Commission (la FTC). L’agence américaine chargée de l'application du droit de la consommation et du contrôle des pratiques commerciales anticoncurrentielles, s’est engagée dans une guerre de tranchées face aux GAFAM. A sa tête, la fraichement élue Lina Khan, dont le slogan pourrait être « in antitrust we trust ». D’après Erik Gordon, professeur à la Ross School of Business de l’Université du Michigan interrogé par CNBC, les GAFAM « aimeraient conclure des accords avant que l’administration ne réussisse à créer un nouveau précédent ». Il poursuit : « une fois qu’un précédent est établi dans une salle d’audience par un juge, il est plus facile pour les autres juges de suivre ce précédent. »
La FTC elle, semble chercher à provoquer le destin. Bien que l'agence ne cache pas ses limites et son manque de ressources, elle ne manque pas une occasion de mettre des batons dans les roues des GAFAM. Dernièrement, elle a fait valider une plainte contre Facebook par un juge fédéral pour abus de position dominante et monopole illégal. Le régulateur reproche à l'entreprise de Mark Zuckerberg son statut ultradominant dans le secteur des réseaux sociaux et demande qu’elle se sépare de ses filiales Instagram et WhatsApp.
La FTC, qui peut compter sur le soutien du Président des États-Unis, Joe Biden, n'en est pas à son coup d'essai. Dans une série de lettres envoyées à des entreprises, la FTC écrivait qu’elle pourrait toujours intenter une action en justice pour faire annuler des transactions. En Europe aussi, les régulateurs tentent de prendre le taureau par les cornes. Son projet de loi Digital Services Act (DSA) ambitionne de réguler le fonctionnement des plateformes des GAFAM. Il pourrait être adopté très prochainement.