Le datacenter sous-marin de Microsoft a été récupéré et l’expérimentation est à ce stade un succès. Commence désormais l’analyse des prélèvements et des résultats de l’expérience, qui pourrait aboutir à l’immersion de tout Azure.
En juillet, au large des Orcades, un étrange ballet maritime se produisait. Était sorti des eaux un cylindre de 12 mètres de long pour 3 mètres de diamètre, recouvert de bernacles et d’algues. Caché sous la faune et la flore, un logo composé de quatre carrés de couleur. Ceux qui se rappellent des projets menés par Microsoft se souviendront sans doute qu’en 2018 Redmond immergeait à 117 pieds de profondeur au large des côtes écossaises un datacentre. Le projet, baptisé Natick, devait tester la viabilité et la faisabilité des centres de données sous-marins. C’est pourquoi ce conteneur conçu par le Français Naval Group embarquait quelque 864 serveurs sur 12 racks, toute la connectique utile ainsi qu’un système de refroidissement.
Sous l’océan
Pendant deux ans, les équipes de Natick ont surveillé les données remontant du fond de la mer du Nord. Puis, en juillet, ont récupéré le conteneur, nommé Northern Isles. “Nous avons été assez impressionnés par sa propreté, en fait” s’étonne Spencer Fowers, le responsable technique du projet. Une fois remonté et lavé, les chercheurs ont effectué plusieurs prélèvements de l’air à l’intérieur du cylindre, avant de les envoyer à Redmond. En effet, avant immersion, Northern Isles a été rempli d’azote sec, moins corrosif que l’oxygène.
Parmi les autres échantillons envoyés chez Microsoft, plusieurs serveurs défaillants. Après deux ans, le taux de défaillance est huit fois moins élevé que sur terre sur la même période. Natick émet l’hypothèse que l’azote et l’absence d’intervention humaine explique cette différence. Il s’agit également d’analyser comment les gaz qui sont normalement émis par les câbles et autres équipements peuvent avoir modifié l'environnement de fonctionnement des ordinateurs.
Vert
Autre leçon tirée de cette expérience : il est possible de n’utiliser que des énergies vertes pour alimenter un datacentre sous-marin. Le choix des Orcades n’était pas anodin puisque, outre une zone d’expérimentation, la région est alimentée en majeure partie en énergie solaire et éolienne, plus les technologies expérimentales du Centre européen de l'énergie marine. “Nous avons pu très bien fonctionner sur ce que la plupart des centres de données terrestres considèrent comme un réseau peu fiable” ajoute Spencer Fowers. L’idée d’une alimentation par un parc éolien offshore fait son chemin.
D’autant que le projet Natick se passe d’eau douce puisque son système de refroidissement, conçu par Naval Group, “achemine l'eau de mer directement à travers les radiateurs à l'arrière de chacun des 12 racks de serveurs et retourne dans l'océan”. Désormais, la réflexion s’engage sur la mise à l’échelle de cette expérimentation, une réflexion allant jusqu’à hypothèse de l’immersion de la totalité de l’infrastructure d’Azure.