Plusieurs failles dans Exchange ont Ă©tĂ© activement exploitĂ©es par un groupe de hackers supposĂ©ment Ă la solde de PĂ©kin. MalgrĂ© les patchs dĂ©ployĂ©s par Microsoft, il reste plus de 250 000 serveurs vulnĂ©rables Ă lâheure actuelle, et le volume dâattaques ne diminue pas.
Panique dans les SoC. Une vague dâattaques, ou plus exactement de cyberespionnage, est en cours. RepĂ©rĂ©e au dĂ©but du mois, la campagne malveillante exploite plusieurs failles dâExchange Server, dans ses versions 2013 Ă 2019. Microsoft, particuliĂšrement concernĂ© puisque ce sont les vulnĂ©rabilitĂ©s de sa messagerie qui sont exploitĂ©es, a dĂ©jĂ fourni plusieurs communications sur le sujet, repĂ©rĂ© par Dubex et Volexity, deux entreprises spĂ©cialisĂ©es, qui ont contribuĂ© plus en avant Ă l'enquĂȘte sur cette attaque.
Et notamment sur les auteurs de cette attaque, un groupe baptisĂ© HAFNIUM. Celui-ci sâest dĂ©jĂ fait remarquer, Microsoft le dĂ©tectant notamment alors quâil cherchait Ă compromettre des comptes Office 365. Sans succĂšs, prĂ©cise lâĂ©diteur. Mais ces premiĂšres tentatives ne relevaient probablement que de la reconnaissance des systĂšmes des futures victimes de cette nouvelle campagne. Dâailleurs, Redmond souligne que HAFNIUM, qui est probablement soutenu par le gouvernement chinois, âa dĂ©jĂ compromis les victimes en exploitant les vulnĂ©rabilitĂ©s des serveurs connectĂ©s Ă Internet et a utilisĂ© des cadres open-source lĂ©gitimes, comme Covenant, pour le C&C. Une fois qu'ils ont accĂ©dĂ© Ă un rĂ©seau victime, HAFNIUM exfiltre gĂ©nĂ©ralement les donnĂ©es vers des sites de partage de fichiers comme MEGAâ.
Quatre failles zero day
Ici, nous sommes Ă nouveau dans le cadre dâune opĂ©ration de cyberespionnage, qui ne vise pas Microsoft, mais bien les utilisateurs de sa messagerie Exchange. Selon Redmond, âHAFNIUM cible principalement des entitĂ©s aux Ătats-Unis dans un certain nombre de secteurs industriels, y compris les chercheurs en maladies infectieuses, les cabinets d'avocats, les Ă©tablissements d'enseignement supĂ©rieur, les entrepreneurs de la dĂ©fense, les groupes de rĂ©flexion sur les politiques et les ONGâ. Les premiĂšres estimations donnent 60 000 serveurs victimes des hackers. Brian Krebs chiffre pour sa part Ă 30 000 le nombre dâorganisations affectĂ©es par cette campagne.
Ce groupe exploite un ensemble de quatre vulnérabilités affectant, à des degrés de sévérité divers, Microsoft Exchange. Toutes étaient 0day.
CVE-2021-26855 permet Ă l'attaquant d'envoyer des requĂȘtes HTTP arbitraires et de s'authentifier en tant que serveur Exchange. CVE-2021-26857 est quant Ă elle une âvulnĂ©rabilitĂ© de dĂ©sĂ©rialisation non sĂ©curisĂ©eâ dans Exchange : elle nĂ©cessite une autre vulnĂ©rabilitĂ© pour monter en privilĂšge et a donnĂ© Ă HAFNIUM la possibilitĂ© d'exĂ©cuter du code sur les serveurs. Une fois authentifiĂ©, HAFNIUM sâappuyait sur CVE-2021-26858 pour Ă©crire un fichier sur nâimporte quel chemin du serveur. CVE-2021-27065 est quasi-identique Ă la prĂ©cĂ©dente.
Des dizaines de milliers de victimes
En rĂ©sumĂ©, en exploitant cette sĂ©rie de failles, HAFNIUM obtenait lâaccĂšs au serveur, puis y dĂ©ployait des shells, des interprĂ©teurs de commandes Web. Par leur biais, le groupe pouvait non seulement dĂ©rober des donnĂ©es mais Ă©galement compromettre dâautres systĂšmes. Microsoft signale que les hackers ont Ă©galement Ă©tĂ© en mesure de tĂ©lĂ©charger des carnets dâadresses Exchange depuis les serveurs compromis, fichiers contenant diverses informations sur lâorganisation ciblĂ©e et ses salariĂ©s.
Ni une ni deux, Microsoft a fourni une abondante documentation sur le sujet, de mĂȘme quâun panel dâoutils permettant dâattĂ©nuer les risques, avant de finalement corriger ces failles de Exchange le 2 mars. De mĂȘme, un utilitaire sous forme de script vĂ©rifiant les indicateurs de compromission dâun serveur a Ă©tĂ© mis en ligne. Et pourtant... MalgrĂ© les patchs et les divers outils, Redmond rapportait deux jours aprĂšs son message initial remarquer âune utilisation accrue de ces vulnĂ©rabilitĂ©s dans les attaques ciblant des systĂšmes non corrigĂ©s par plusieurs acteurs malveillants au-delĂ de HAFNIUMâ.
En cause, bien Ă©videmment, des systĂšmes qui nâont pas Ă©tĂ© patchĂ©s malgrĂ© la distribution des corrections. Or, selon Shodan, 260 000 serveurs sont encore vulnĂ©rables Ă lâheure actuelle. On ignore encore si des sociĂ©tĂ©s en France ont Ă©tĂ© touchĂ©es, quand bien mĂȘme la campagne semble se concentrer sur les Ătats-Unis. Toujours selon Shodan, plusieurs milliers de serveurs Exchange sont toujours vulnĂ©rables dans lâHexagone.